lundi 7 février 2011

5 février 2006, jour anniversaire - extrait

Je souffle lentement la fumée, en penchant un peu la tête comme un chat ; on a tort de dire que les tigres sont de gros chats. C’est le contraire : les chats sont de petits tigres. Regardez moi, regardez moi, je fais le chat ; et j’ouvre mon sourire en grand. Je suis heureuse que tu aies raté la dernière possibilité de te racheter, c’est mal mais j’aime ça. Regarde comme j’ai l’air de trouver ça très drôle.
Et, d’une certaine façon, c’est en train de le devenir ; la façon dont tu te crois obligé de sourire toi aussi, un sourire d’une écoeurante bêtise rassurée et mesquine, le sourire du pauvre connard qui avait quand même peur que je pète les plombs comme une gosse et se réjouit de voir que je prends ça plutôt bien... Tu ne sauras jamais à quel point tu es passé près de la grande colère, et la colère des enfants est celle qui fait le plus mal car elle n’a pas de limites et ne se soucie pas du lendemain. Tu ne vois pas à l’intérieur de moi le feu se transformer en une multitude d’objets pointus, épingles punaises aiguilles poinçons clous seringues - une armée de choses qui font mal mais se réorganisent toute seule, pour ne plus me piquer du dedans ; les larmes et le sang prêts à sortir refluent vers l’intérieur et viennent fondre et lier toutes ces bribes en une seule construction de la colère une longue lame qui part du bas de mon ventre et va jusqu'à ma bouche le long de ma colonne vertébrale un couteau un long couteau tu m’as poignardé dans le dos mais maintenant je suis le couteau monsieur le loup tu es l’agneau

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