samedi 1 janvier 2011

1er janvier 2006

Ca y est, c’est la nouvelle année. Joie, bonheur, apothéose, yaourt. J’ai écrit 2006 dans le sable à la pointe d’un vieux bâton ; il fait froid, ici, mais je crois que je préfère rester sur la plage que rentrer dans la maison familialement encombrée. Tout le monde est là, sauf Camille. Dommage, c’était la seule que j’avais vraiment envie de voir. Même avec son probable gros ventre. Il paraît qu’il y a des filles dont on ne s’aperçoit pas qu’elles sont encloquées, et qui finissent par mettre bas dans les chiottes d’un macdo. C’est avec ça qu’on fait le mac-bacon.

2006, donc, et en dessous : « Bonne année, mon cul », merci monsieur Desproges.

J’efface les lettres d’une semelle lente. Quelle saloperie, le sable, quand on y pense. Le truc qu’est bon qu’à rentrer dans les godasses, le maillot de bain, la raie du cul, racler les coups de soleil douloureux, se coller salé à la peau. Sans sable et sans soleil, peut-être que je détesterais pas autant la mer. Non, il y a l’odeur, aussi, ça sent la poiscaille et le coquillage crevé. La mer, c’est une infection, quand on y pense, c’est rempli de trucs trop morts qui vont pourrir au fond. Et avant de crever, ça chie. Une baleine, c’est quand même énorme, comme truc, vous imaginez la taille des merdes ? Je veux dire, par rapport à un chien, faites le calcul, c’est édifiant. Et puis quand ça rend son ticket à la grande poissonnerie, vous imaginez la quantité de viandasse ? Qui reste là à pourrir dans les courants ? En plus, sous la flotte, pas d’asticots pour nettoyer. Il y a peut-être un équivalent, des bébés mouches aquatiques ? Too mouche. Mais bon, c’est quand même une fosse commune qui pue la marée. Un jour pas loin d’ici - du côté de Port-Barcarès, je crois, en vacances en tout cas, j’ai vu sur une plage le cadavre d’un truc échoué, un dauphin ou un machin du genre, un marsouin, un truc qui caquette. Feu Flipper. Vu, pas vraiment, en fait, pas précisément en tout cas : je l’ai surtout senti ; cette infection, cette odeur de mort marine débarquée sur la plage. Elle m’est restée des jours dans le nez. Le sable, c’est rien que des petits morceaux de cadavre, les bouts les plus durs, réduits en poudre : les os, les ongles, les becs des pieuvres, les coraux, les perles, les carapaces des tortues les pinces des crabes les coquilles des coquillages morts avant l’âge les yeux en verre des pirates borgnes. La mer, c’est pourri. J’aime que le surimi. Mais de toute façon, c’est à peine du poisson.

Putain ce que je me fais chier. Il y a des journées comme des pages blanches. La différence, c’est qu’on peut échapper au papier, pas au temps qui passe....

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