dimanche 2 janvier 2011

Fragment non daté, Chat D'Oc, 2005 ou 2006

Ce n’est pas nous qui voyageons à travers l’hiver – c’est l’hiver qui voyage à travers nous.

Ces discussions autour de moi, auxquelles je ne pige rien ; comme des courants d’air - chaud ou froid, kimporte – je capte tous les mots mais ça ne fait pas vraiment de sens, mis ensemble. Les regards lourds qu’ils s’échangent en parlant de trucs au-delà de ma sphère. Des histoires – je suppose - de couple, en général, enrobées - je suppose aussi - de pas mal de psychologie de bazar. Et quelquefois des trucs plus mystérieux, des phrases vraiment étranges que je ne raccroche à rien. Ce type qui  disait que maintenant il « a l’impression de sentir l’ammoniaque même quand je fume ma clope ». Appelez Sherlock Homes, hessevépé. Et ces toiles d’araignées de gens qui se connaissent s’aiment  se désaiment se testent se détestent se bectent se débectent se prise-de-bectent ; solidaires, responsables et coupables les uns des autres – comme une langue aux déclinaisons enchevêtrées, ouais, plein de langues enchevêtrées, et comme qui dirait foutrement pas claires. Mais je fais comme si le vent passait sur moi ; pas besoin d’avoir l’air au jus ou pas, personne ne me demande mon avis. Voilà ce que ça fait de se retrouver avec des vieux qui se parlent, un coup dans le nez et le nez dans le verre. « Ce que tu m’as dit l’autre fois, avec Steph, ça m’a fait me recadrer grave, ouais » « parce que tu comprends, les gens, tu leur donne des trucs de ton point de vue, mais qu’est-ce qu’ils en ont à
foutre de ce qui se passe à cinq cent mètres de chez eux ? » »Ouais mais elle tu comprends c’est toujours la fête, tu vois, à l’extérieur c’est toujours la fête » »Parce que tu comprends, ouais, merde, je vais avoir vingt huit ans »
Je crois qu’en sénilisant des petites cellules grises, on se met à parler un langage de plus en plus crypté.

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